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mercredi 27 avril 2011

Avril au Rwanda



.................................. Le lac Kivu: un paradis tout près de l'enfer



Ces derniers jours, j'étais au Rwanda, pour continuer le travail entrepris l'année dernière...

Tous les mois d'Avril, pendant une semaine entière les rwandais commémorent le génocide des Tutsis. Ce souvenir est tellement vivace encore aujourd'hui que cette semaine nationale de deuil officiel est aussi une période où les rescapés et les bourreaux également "craquent"
: cauchemars à répétition, crises de nerfs, évanouissements, dépressions muettes...

C'est juste après le "mémorial" que je suis venu m'entretenir avec mes amis de l'association AMI et le professeur Isaïe Nyazenema qui crée avec d'autres collègues de l'université de Butare une nouvelle université dite des "Sources du Nil" qui a l'ambition d'apporter de l'innovation intellectuelle et pratique à ce pays qui a besoin de se relever de ses traumatismes et d'aborder le siècle avec courage et force. Chacun ici s'accorde à dire que le développement de ce petit pays qui veut devenir un "petit dragon" de l'Afrique de l'est en partenariat avec ses voisins ne pourra se faire sans le développement humain et la prévention des violences collectives.

La Thérapie Sociale dont une des spécificités est justement le travail en profondeur sur les haines et les violences leur semble très adaptée à cette nouvelle réalité. Une évaluation des premières formations a été réalisée par un groupe de sociologues et psychologues rwandais dirigé par Monsieur Simon Gasibirige. Elle met l'accent sur l'importance de cette approche dans une société malade (comme beaucoup d'autres en Afrique et ailleurs) et elle insiste sur la nécessité de former des leaders rwandais sur une grande échelle. Mon voyage avait pour but d'étudier avec ces partenaires les possibilités et les ressources nécessaires.


Cette photo date de janvier, période durant laquelle je suis retourné au Rwanda pour superviser les personnes que j'avais formées l'année précédente. C'est ainsi que j'ai accompagné Médiatrice (la bien nommée: c'est son vrai prénom, assez courant ici) dans plusieurs villages, où elle réunit pendant une matinée par mois les rescapés et les bourreaux sortis de prison après l'aveu de leur crimes (pendant des tribunaux populaires appelés "Gachaca" sur le modèle de ce qui s'est fait en Afrique du Sud après l'Apartheid).

Bourreaux et rescapés appartiennent aux mêmes communautés et vivent en voisins désormais dans les mêmes villages. Après les récits des souffrances vécus par les uns et les autres, on passe à l'expression des responsabilités, l'objectif de ce travail de Thérapie Sociale étant bien sûr la réconciliation mais aussi l'indemnisation pour les biens pillés pendant la période du génocide. Partage, écoute, pleurs, joie enfin d'être ensemble et projets communs de coopérative agricole, d'assistance mutuelle… Les plus émouvants sont les vieilles femmes qui ont tout perdu, mari, enfants, petits-enfants et qui prennent la main en pleurant des bourreaux qui pleurent aussi avec elles. Tout cela peut sembler au mieux miraculeux, au pire incroyable, mais c'est ce que j'ai vécu à chaque fois, dans plusieurs villages.

A suivre…

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